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#7 Rêveries du promeneur solitaire

-Sujet-

Rousseau semble irrémédiablement déçu par semblables. Son unique recours est de se retirer du monde et  de mener une vie solitaire, loin des préoccupations du monde, pour se concentrer uniquement sur son bien-être. Avez-vous déjà éprouvé ce sentiment? Ce mode de vie peut-il être un idéal à atteindre?

-Composition-

Le promenade de la réaliste solitaire

   Au début de l’été, un chaton arriva chez moi. Il miaulait dans le jardin pendant quelque jours, mais je ne le trouvai nulle part. Alors, je l’appelai en miaulant. Enfin, un petit chat de trois semaines apparut des herbes. Il ouvrit de grands yeux et marcha d’un pas mal assuré. Il n’avait ni mère, ni frère. Il était tout seul. Ensuite, il s’approcha de moi en miaulant. Je caressai doucement la tête du chat et il ronronna de plaisir. Il était maigre, donc je lui donnai du lait. Il lécha le lait dans l’assiette. Mon père prépara une boîte et y mis des plantes aquatiques sèches pour le jardinage. Le lendemain, je regardai le chat à la dérobée par la  fenêtre. Il dormait paisiblement dans la boîte sur la terrasse. Mais dès qu’il sentit ma présence, il se leva et me dit bonjour d’un air heureux. Il devint ainsi un membre de ma famille. Il nous suivait partout où nous allions. Cependant, avec le temps, il aimait rester seul. Il allait dehors chaque soir. Je ne savais pas où il allait et ce qu’il faisait. Il ne disait rien. Il ne raconta rien même quand il rentra avec une blessure sérieuse.

  Une fois, il disparut. Nous le cherchâmes partout, mais nous ne pouvions pas le trouver. Nous étions très inquiets. Est-ce qu’il avait eu accident ou avait attrapé une maladie ? Une semaine après, il rentra, comme si de rien n’était, mais avec des airs de vieux sage. Il passait un an avec ma famille. Nous l’aimions et il nous aimait, bien qu’il aimât rester seul.

  Un jour, il s’en alla, sans rien dire et il me rentra jamais. Je crois qu’il était content chez nous. Il pensait souvent à quelque chose et observait tous les choses.

  Il n’était pas rêveur, mais réaliste. Il aimait être caressé, mais il ne se laissait jamais flatter. Il était toujours un solitaire aimé et il ne manquait jamais de dignité.

  Parfois, j’en ai assez de la société ; des gens curieux, des gens cancaniers, des gens vaniteux, des gens méchants, des gens… Dans ce cas, je me souviens toujours de mon chat. Restant calme, solitaire sans être ennuyé par la société, conservant sa dignité, et étant aimé de tout le monde. Peut-être que la plus grande erreur de Rousseau est qu’il ne vivait pas avec un chat.

« Rêveries du promeneur solitaire »
Jean-Jacque Rousseau

Rousseau s’est replié sur lui-même et vit de souvenirs et de rêves, se
réfugiant dans le silence et n’écrivant plus que pour lui-même ces dix
promenades : c’est la vie quotidienne, la journée, l’heure, la solitude et le moi qui voit renaître le passé

〜L’extrait du livre 〜
  Me voici donc seul sur la terre, n’ayant plus de frère, de prochain, d’ami, de société que moi-même. Le plus sociable et le plus aimant des humains en a été proscrit par un accord unanime. Ils ont cherché dans les raffinements de leur haine quel tourment pouvait être le plus cruel à mon âme sensible, et ils ont brisé violemment tous les liens qui m’attachaient à eux. J’aurais aimé les hommes en dépit d’eux-mêmes. Ils n’ont pu qu’en cessant de l’être se dérober à mon affection. Les voilà donc étrangers, inconnus, nuls enfin pour moi puisqu’ils l’ont voulu. Mais moi, détaché d’eux et de tout, que suis-je moi-même ? Voilà ce qui me reste à chercher. (…)

  Tout est fini pour moi sur la terre. On ne peut plus m’y faire ni bien, ni mal. Il ne me reste plus rien à espérer ou à craindre en ce monde, et m’y voilà tranquille au fond de l’abîme, pauvre mortel infortuné, mais impassible comme Dieu même.
  Tout ce qui m’est extérieur m’est étranger désormais. Je n’ai plus en ce monde ni prochain, ni semblables, ni frères. Je suis sur la terre comme dans une planète étrangère où je serais tombé de celle que j’habitais. Si je reconnais autour de moi quelque chose, ce ne sont que des objets affligeants et déchirants pour mon cœur, et je ne peux jeter les yeux sur ce qui me touche et m’entoure sans y trouver toujours quelque sujet de dédain qui m’indigne ou de douleur qui m’afflige. Écartons donc de mon esprit tous les pénibles objets dont je m’occuperais aussi douloureusement qu’inutilement. Seul pour le reste de ma vie, puisque je ne trouve qu’en moi la consolation, l’espérance et la paix, je ne dois ni ne veux plus m’occuper que de moi. C’est dans cet état que je reprends la suite de l’examen sévère et sincère que j’appelai jadis mes Confessions. Je consacre mes derniers jours à m’étudier moi-même et à préparer d’avance le compte que je ne tarderai pas à rendre de moi. Livrons-nous tout entier à la douceur de conserver avec mon âme, puisqu’elle est la seule que les hommes ne puissent m’ôter. Si, à force de réfléchir sur mes dispositions intérieures, je parviens à les mettre en meilleur ordre et à corriger le mal qui peut y rester, mes méditations ne seront pas entièrement inutiles, et quoique je ne sois plus bon à rien sur la terre, je n’aurai pas tout à fait perdu mes derniers jours. Les loisirs de mes promenades journalières ont souvent été remplis de contemplations charmantes dont j’ai regret d’avoir perdu le souvenir. Je fixerai par l’écriture celles qui pourront me venir encore ; chaque fois que je les relirai m’en rendra la jouissance. J’oublierai mes malheurs, mes persécuteurs, mes opprobres(*), en songeant au prix qu’avait mérité mon cœur.
* Opprobre : reproches, réprobation publics.

J. -J. Rousseau, Rêveries du promeneur solitaire, 1re promenade, 1776, publié en 1782.

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