ソシュール『一般言語学講義』註解 #26
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原著: pp. 261-264
小林訳: pp. 267-272
菅田訳: pp. 178-181
町田訳: pp. 267-270
各文の頭についている上付きの数字は、原著の「ページ数-行数」を示しています。
Cours 原文
QUATRIÈME PARTIE
LINGUISTIQUE GÉOGRAPHIQUE
———
CHAPITRE PREMIER
DE LA DIVERSITÉ DES LANGUES
²⁶¹⁻⁵En abordant la question des rapports du phénomène linguistique avec l’espace, on quitte la linguistique interne pour entrer dans la linguistique externe, dont le chapitre V de l’Introduction a déjà marqué l’étendue et la variété.
²⁶¹⁻⁹Ce qui frappe tout d’abord dans l’étude des langues, c’est leur diversité, les différences linguistiques qui apparaissent dès qu’on passe d’un pays à un autre, ou même d’un district à un autre. ²⁶¹⁻¹²Si les divergences dans le temps échappent souvent à l’observateur, les divergences dans l’espace sautent tout de suite aux yeux ; les sauvages eux-mêmes les saisissent, grâce aux contacts avec d’autres tribus parlant une autre langue. ²⁶¹⁻¹⁶C’est même par ces comparaisons qu’un peuple prend conscience de son idiome. […]
²⁶²⁻¹⁰Ainsi la diversité géographique a été la première constatation faite en linguistique ; […]
²⁶²⁻¹⁷Après avoir constaté que deux idiomes diffèrent, on est amené instinctivement à y découvrir des analogies. ²⁶²⁻¹⁸C’est là une tendance naturelle des sujets parlants. ²⁶²⁻¹⁹Les paysans aiment à comparer leur patois avec celui du village voisin ; les personnes qui pratiquent plusieurs langues remarquent les traits qu’elles ont en commun. ²⁶²⁻²²Mais, chose curieuse, la science a mis un temps énorme à utiliser les constatations de cet ordre ; ainsi les Grecs, qui avaient observé beaucoup de ressemblances entre le vocabulaire latin et le leur, n’ont su en tirer aucune conclusion linguistique.
²⁶²⁻²⁷L’observation scientifique de ces analogies permet d’affirmer dans certains cas que deux ou plusieurs idiomes sont unis par un lien de parenté, c’est-à-dire qu’ils ont une origine commune. […] ²⁶³⁻⁵Il ne faut pas confondre ce qui peut être et ce qui est démontrable. ²⁶³⁻⁷La parenté universelle des langues n’est pas probable, mais fût-elle vraie — comme le croit un linguiste italien, M. Trombetti — elle ne pourrait pas être prouvée, à cause du trop grand nombre de changements intervenus.
²⁶³⁻¹²Ainsi à côté de la diversité dans la parenté, il y a une diversité absolue, sans parenté reconnaissable ou démontrable. […]
²⁶⁴⁻¹¹Les idiomes qui ne divergent qu’à un très faible degré sont appelés $${\textit{dialectes ;}}$$ mais il ne faut pas donner à ce terme un sens rigoureusement exact ; nous verrons qu’il y a entre les dialectes et les langues une différence de quantité, non de nature.
註解
²⁶¹⁻⁵En abordant la question des rapports du phénomène linguistique avec l’espace, on quitte la linguistique interne pour entrer dans la linguistique externe, dont le chapitre V de l’Introduction a déjà marqué l’étendue et la variété.
²⁶¹⁻⁹Ce qui frappe tout d’abord dans l’étude des langues, c’est leur diversité, les différences linguistiques qui apparaissent dès qu’on passe d’un pays à un autre, ou même d’un district à un autre.
²⁶¹⁻¹²Si les divergences dans le temps échappent souvent à l’observateur, les divergences dans l’espace sautent tout de suite aux yeux ; les sauvages eux-mêmes les saisissent, grâce aux contacts avec d’autres tribus parlant une autre langue.
²⁶¹⁻¹⁶C’est même par ces comparaisons qu’un peuple prend conscience de son idiome.
²⁶²⁻¹⁰Ainsi la diversité géographique a été la première constatation faite en linguistique ;
²⁶²⁻¹⁷Après avoir constaté que deux idiomes diffèrent, on est amené instinctivement à y découvrir des analogies.
²⁶²⁻¹⁸C’est là une tendance naturelle des sujets parlants.
²⁶²⁻¹⁹Les paysans aiment à comparer leur patois avec celui du village voisin ; les personnes qui pratiquent plusieurs langues remarquent les traits qu’elles ont en commun.
²⁶²⁻²²Mais, chose curieuse, la science a mis un temps énorme à utiliser les constatations de cet ordre ; ainsi les Grecs, qui avaient observé beaucoup de ressemblances entre le vocabulaire latin et le leur, n’ont su en tirer aucune conclusion linguistique.
²⁶²⁻²⁷L’observation scientifique de ces analogies permet d’affirmer dans certains cas que deux ou plusieurs idiomes sont unis par un lien de parenté, c’est-à-dire qu’ils ont une origine commune.
²⁶³⁻⁵Il ne faut pas confondre ce qui peut être et ce qui est démontrable.
²⁶³⁻⁷La parenté universelle des langues n’est pas probable, mais fût-elle vraie — comme le croit un linguiste italien, M. Trombetti — elle ne pourrait pas être prouvée, à cause du trop grand nombre de changements intervenus.
²⁶³⁻¹²Ainsi à côté de la diversité dans la parenté, il y a une diversité absolue, sans parenté reconnaissable ou démontrable.
²⁶⁴⁻¹¹Les idiomes qui ne divergent qu’à un très faible degré sont appelés $${\textit{dialectes ;}}$$ mais il ne faut pas donner à ce terme un sens rigoureusement exact ; nous verrons qu’il y a entre les dialectes et les langues une différence de quantité, non de nature.
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