ソシュール『一般言語学講義』註解 #14
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原著: pp. 170-175
小林訳: pp. 172-177
菅田訳: pp. 104-113
町田訳: pp. 172-177
各文の頭についている上付きの数字は、原著の「ページ数-行数」を示しています。
Cours 原文 § 1.
CHAPITRE V
RAPPORTS SYNTAGMATIQUES ET RAPPORTS ASSOCIATIFS
§ 1. DÉFINITIONS.
¹⁷⁰⁻⁵Ainsi, dans un état de langue, tout repose sur des rapports ; comment fonctionnent-ils ?
¹⁷⁰⁻⁷Les rapports et les différences entre termes linguistiques se déroulent dans deux sphères distinctes dont chacune est génératrice d’un certain ordre de valeurs ; l’opposition entre ces deux ordres fait mieux comprendre la nature de chacun d’eux. ¹⁷⁰⁻¹¹Ils correspondent à deux formes de notre activité mentale, toutes deux indispensables à la vie de la langue.
¹⁷⁰⁻¹⁴D’une part, dans le discours, les mots contractent entre eux, en vertu de leur enchaînement, des rapports fondés sur le caractère linéaire de la langue, qui exclut la possibilité de prononcer deux éléments à la fois. ¹⁷⁰⁻¹⁷Ceux-ci se rangent les uns à la suite des autres sur la chaîne de la parole. ¹⁷⁰⁻¹⁹Ces combinaisons qui ont pour support l’étendue peuvent être appelées $${\textit{syntagmes.}}$$ ¹⁷⁰⁻²⁰Le syntagme se compose donc toujours de deux ou plusieurs unités consécutives (par exemple : $${\textit{re-lire ;}}$$$${\textit{contre}}$$$${\textit{tous ;}}$$$${\textit{la}}$$$${\textit{vie}}$$$${\textit{humaine ;}}$$$${\textit{Dieu}}$$$${\textit{est}}$$$${\textit{bon ;}}$$$${\textit{s’il}}$$$${\textit{fait}}$$$${\textit{beau}}$$$${\textit{temps,}}$$$${\textit{nous}}$$$${\textit{sortirons,}}$$ etc.). ¹⁷⁰⁻²³Placé dans un syntagme, un terme n’acquiert sa valeur que parce qu’il est opposé à ce qui précède ou ce qui suit, ou à tous les deux.
¹⁷¹⁻⁴D’autre part, en dehors du discours, les mots offrant quelque chose de commun s’associent dans la mémoire, et il se forme ainsi des groupes au sein desquels règnent des rapports très divers. ¹⁷¹⁻⁷Ainsi le mot $${\textit{enseignement}}$$ fera surgir inconsciemment devant l’esprit une foule d’autres mots $${(\textit{enseigner,}}$$$${\textit{renseigner,}}$$ etc., ou bien $${\textit{armement,}}$$$${\textit{changement,}}$$ etc., ou bien $${\textit{éducation,}}$$$${\textit{apprentissage})}$$ ; par un côté ou un autre, tous ont quelque chose de commun entre eux.
¹⁷¹⁻¹³On voit que ces coordinations sont d’une tout autre espèce que les premières. ¹⁷¹⁻¹⁴Elles n’ont pas pour support l’étendue ; leur siège est dans le cerveau ; elles font partie de ce trésor intérieur qui constitue la langue chez chaque individu. ¹⁷¹⁻¹⁶Nous les appellerons $${\textit{rapports}}$$$${\textit{associatifs.}}$$
¹⁷¹⁻¹⁸Le rapport syntagmatique est $${\textit{in}}$$$${\textit{praesentia ;}}$$ il repose sur deux ou plusieurs termes également présents dans une série effective. ¹⁷¹⁻²⁰Au contraire le rapport associatif unit des termes $${\textit{in}}$$$${\textit{absentia}}$$ dans une série mnémonique virtuelle.
¹⁷¹⁻²³A ce double point de vue, une unité linguistique est comparable à une partie déterminée d’un édifice, une colonne par exemple ; celle-ci se trouve, d’une part, dans un certain rapport avec l’architrave qu’elle supporte ; cet agencement de deux unités également présentes dans l’espace fait penser au rapport syntagmatique ; d’autre part, si cette colonne est d’ordre dorique, elle évoque la comparaison mentale avec les autres ordres (ionique, corinthien, etc.), qui sont des éléments non présents dans l’espace : le rapport est associatif.
¹⁷¹⁻³³Chacun de ces deux ordres de coordination appelle quelques remarques particulières.
註解 § 1.
¹⁷⁰⁻⁵Ainsi, dans un état de langue, tout repose sur des rapports ; comment fonctionnent-ils ?
¹⁷⁰⁻⁷Les rapports et les différences entre termes linguistiques se déroulent dans deux sphères distinctes dont chacune est génératrice d’un certain ordre de valeurs ; l’opposition entre ces deux ordres fait mieux comprendre la nature de chacun d’eux.
¹⁷⁰⁻¹¹Ils correspondent à deux formes de notre activité mentale, toutes deux indispensables à la vie de la langue.
¹⁷⁰⁻¹⁴D’une part, dans le discours, les mots contractent entre eux, en vertu de leur enchaînement, des rapports fondés sur le caractère linéaire de la langue, qui exclut la possibilité de prononcer deux éléments à la fois.
¹⁷⁰⁻¹⁷Ceux-ci se rangent les uns à la suite des autres sur la chaîne de la parole.
¹⁷⁰⁻¹⁹Ces combinaisons qui ont pour support l’étendue peuvent être appelées $${\textit{syntagmes.}}$$
¹⁷⁰⁻²⁰Le syntagme se compose donc toujours de deux ou plusieurs unités consécutives (par exemple : $${\textit{re-lire ;}}$$$${\textit{contre}}$$$${\textit{tous ;}}$$$${\textit{la}}$$$${\textit{vie}}$$$${\textit{humaine ;}}$$$${\textit{Dieu}}$$$${\textit{est}}$$$${\textit{bon ;}}$$$${\textit{s’il}}$$$${\textit{fait}}$$$${\textit{beau}}$$$${\textit{temps,}}$$$${\textit{nous}}$$$${\textit{sortirons,}}$$ etc.).
¹⁷⁰⁻²³Placé dans un syntagme, un terme n’acquiert sa valeur que parce qu’il est opposé à ce qui précède ou ce qui suit, ou à tous les deux.
¹⁷¹⁻⁴D’autre part, en dehors du discours, les mots offrant quelque chose de commun s’associent dans la mémoire, et il se forme ainsi des groupes au sein desquels règnent des rapports très divers.
¹⁷¹⁻⁷Ainsi le mot $${\textit{enseignement}}$$ fera surgir inconsciemment devant l’esprit une foule d’autres mots $${(\textit{enseigner,}}$$$${\textit{renseigner,}}$$ etc., ou bien $${\textit{armement,}}$$$${\textit{changement,}}$$ etc., ou bien $${\textit{éducation,}}$$$${\textit{apprentissage})}$$ ; par un côté ou un autre, tous ont quelque chose de commun entre eux.
¹⁷¹⁻¹³On voit que ces coordinations sont d’une tout autre espèce que les premières.
¹⁷¹⁻¹⁴Elles n’ont pas pour support l’étendue ; leur siège est dans le cerveau ; elles font partie de ce trésor intérieur qui constitue la langue chez chaque individu.
¹⁷¹⁻¹⁶Nous les appellerons $${\textit{rapports}}$$$${\textit{associatifs.}}$$
¹⁷¹⁻¹⁸Le rapport syntagmatique est $${\bm{in}}$$$${\bm{praesentia ;}}$$ il repose sur deux ou plusieurs termes également présents dans une série effective.
¹⁷¹⁻²⁰Au contraire le rapport associatif unit des termes $${\bm{in}}$$$${\bm{absentia}}$$ dans une série mnémonique virtuelle.
¹⁷¹⁻²³A ce double point de vue, une unité linguistique est comparable à une partie déterminée d’un édifice, une colonne par exemple ; celle-ci se trouve, d’une part, dans un certain rapport avec l’architrave qu’elle supporte ; cet agencement de deux unités également présentes dans l’espace fait penser au rapport syntagmatique ; d’autre part, si cette colonne est d’ordre dorique, elle évoque la comparaison mentale avec les autres ordres (ionique, corinthien, etc.), qui sont des éléments non présents dans l’espace : le rapport est associatif.
¹⁷¹⁻³³Chacun de ces deux ordres de coordination appelle quelques remarques particulières.
Cours 原文 § 2.
§ 2. LES RAPPORTS SYNTAGMATIQUES.
[…] ¹⁷²⁻³la notion de syntagme s’applique non seulement aux mots, mais aux groupes de mots, aux unités complexes de toute dimension et de toute espèce (mots composés, dérivés, membres de phrase, phrases entières).
¹⁷²⁻⁷Il ne suffit pas de considérer le rapport qui unit les diverses parties d’un syntagme entre elles (par exemple $${\textit{contre}}$$ et $${\textit{tous}}$$ dans $${\textit{contre}}$$ $${\textit{tous,}}$$ $${\textit{contre}}$$ et $${\textit{maître}}$$ dans $${\textit{contremaître})}$$ ; il faut tenir compte aussi de celui qui relie le tout à ses parties (par exemple $${\textit{contre}}$$ $${\textit{tous}}$$ opposé d’une part à $${\textit{contre,}}$$ de l’autre à $${\textit{tous,}}$$ ou $${\textit{contremaître}}$$ opposé à $${\textit{contre}}$$ et à $${\textit{maître}).}$$
¹⁷²⁻¹⁴On pourrait faire ici une objection. La phrase est le type par excellence du syntagme. ¹⁷²⁻¹⁵Mais elle appartient à la parole, non à la langue ; ne s’ensuit-il pas que le syntagme relève de la parole ? ¹⁷²⁻¹⁷Nous ne le pensons pas. ¹⁷²⁻¹⁸Le propre de la parole, c’est la liberté des combinaisons ; il faut donc se demander si tous les syntagmes sont également libres.
¹⁷²⁻²¹On rencontre d’abord un grand nombre d’expressions qui appartiennent à la langue ; ce sont les locutions toutes faites, auxquelles l’usage interdit de rien changer, même si l’on peut y distinguer, à la réflexion, des parties significatives (cf. $${\textit{à}}$$ $${\textit{quoi}}$$ $${\textit{bon ?}}$$ $${\textit{allons}}$$ $${\textit{donc !}}$$ etc.). […] ¹⁷²⁻³²On peut citer aussi les mots qui, tout en se prêtant parfaitement à l’analyse, sont caractérisés par quelque anomalie morphologique maintenue par la seule force de l’usage (cf. $${\textit{difficulté}}$$ vis-à-vis de $${\textit{facilité,}}$$ etc., $${\textit{mourrai}}$$ en face de $${\textit{dormirai,}}$$ etc.).
¹⁷³⁻⁴Mais ce n’est pas tout ; il faut attribuer à la langue, non à la parole, tous les types de syntagmes construits sur des formes régulières. ¹⁷³⁻⁶En effet, comme il n’y a rien d’abstrait dans la langue, ces types n’existent que si elle en a enregistré des spécimens suffisamment nombreux. ¹⁷³⁻⁸Quand un mot comme $${\textit{indécorable}}$$ surgit dans la parole, il suppose un type déterminé, et celui-ci à son tour n’est possible que par le souvenir d’un nombre suffisant de mots semblables appartenant à la langue $${(\textit{impardonnable,}}$$ $${\textit{intolérable,}}$$ $${\textit{infatigable,}}$$ etc.). ¹⁷³⁻¹³Il en est exactement de même des phrases et des groupes de mots établis sur des patrons réguliers ; des combinaisons comme $${\textit{la}}$$ $${\textit{terre}}$$$${\textit{tourne,}}$$ $${\textit{que}}$$ $${\textit{vous}}$$ $${\textit{dit-il ?}}$$ etc., répondent à des types généraux, qui ont à leur tour leur support dans la langue sous forme de souvenirs concrets.
¹⁷³⁻¹⁹Mais il faut reconnaître que dans le domaine du syntagme il n’y a pas de limite tranchée entre le fait de langue, marque de l’usage collectif, et le fait de parole, qui dépend de la liberté individuelle. ¹⁷³⁻²²Dans une foule de cas, il est difficile de classer une combinaison d’unités, parce que l’un et l’autre facteurs ont concouru à la produire, et dans des proportions qu’il est impossible de déterminer.
註解 § 2.
¹⁷²⁻³la notion de syntagme s’applique non seulement aux mots, mais aux groupes de mots, aux unités complexes de toute dimension et de toute espèce (mots composés, dérivés, membres de phrase, phrases entières).
¹⁷²⁻⁷Il ne suffit pas de considérer le rapport qui unit les diverses parties d’un syntagme entre elles (par exemple $${\textit{contre}}$$ et $${\textit{tous}}$$ dans $${\textit{contre}}$$ $${\textit{tous,}}$$ $${\textit{contre}}$$ et $${\textit{maître}}$$ dans $${\textit{contremaître})}$$ ; il faut tenir compte aussi de celui qui relie le tout à ses parties (par exemple $${\textit{contre}}$$ $${\textit{tous}}$$ opposé d’une part à $${\textit{contre,}}$$ de l’autre à $${\textit{tous,}}$$ ou $${\textit{contremaître}}$$ opposé à $${\textit{contre}}$$ et à $${\textit{maître}).}$$
¹⁷²⁻¹⁴On pourrait faire ici une objection. La phrase est le type par excellence du syntagme.
¹⁷²⁻¹⁵Mais elle appartient à la parole, non à la langue ; ne s’ensuit-il pas que le syntagme relève de la parole ? Nous ne le pensons pas.
¹⁷²⁻¹⁸Le propre de la parole, c’est la liberté des combinaisons ; il faut donc se demander si tous les syntagmes sont également libres.
¹⁷²⁻²¹On rencontre d’abord un grand nombre d’expressions qui appartiennent à la langue ; ce sont les locutions toutes faites, auxquelles l’usage interdit de rien changer, même si l’on peut y distinguer, à la réflexion, des parties significatives (cf. $${\textit{à}}$$ $${\textit{quoi}}$$ $${\textit{bon ?}}$$ $${\textit{allons}}$$ $${\textit{donc !}}$$ etc.).
¹⁷²⁻³²On peut citer aussi les mots qui, tout en se prêtant parfaitement à l’analyse, sont caractérisés par quelque anomalie morphologique maintenue par la seule force de l’usage (cf. $${\textit{difficulté}}$$ vis-à-vis de $${\textit{facilité,}}$$ etc., $${\textit{mourrai}}$$ en face de $${\textit{dormirai,}}$$ etc.).
¹⁷³⁻⁴Mais ce n’est pas tout ; il faut attribuer à la langue, non à la parole, tous les types de syntagmes construits sur des formes régulières.
¹⁷³⁻⁶En effet, comme il n’y a rien d’abstrait dans la langue, ces types n’existent que si elle en a enregistré des spécimens suffisamment nombreux.
¹⁷³⁻⁸Quand un mot comme $${\textit{indécorable}}$$ surgit dans la parole, il suppose un type déterminé, et celui-ci à son tour n’est possible que par le souvenir d’un nombre suffisant de mots semblables appartenant à la langue $${(\textit{impardonnable,}}$$ $${\textit{intolérable,}}$$ $${\textit{infatigable,}}$$ etc.).
¹⁷³⁻¹³Il en est exactement de même des phrases et des groupes de mots établis sur des patrons réguliers ; des combinaisons comme $${\textit{la}}$$ $${\textit{terre}}$$$${\textit{tourne,}}$$ $${\textit{que}}$$ $${\textit{vous}}$$ $${\textit{dit-il ?}}$$ etc., répondent à des types généraux, qui ont à leur tour leur support dans la langue sous forme de souvenirs concrets.
¹⁷³⁻¹⁹Mais il faut reconnaître que dans le domaine du syntagme il n’y a pas de limite tranchée entre le fait de langue, marque de l’usage collectif, et le fait de parole, qui dépend de la liberté individuelle.
¹⁷³⁻²²Dans une foule de cas, il est difficile de classer une combinaison d’unités, parce que l’un et l’autre facteurs ont concouru à la produire, et dans des proportions qu’il est impossible de déterminer.
Cours 原文 § 3.
§ 3. LES RAPPORTS ASSOCIATIFS.
¹⁷³⁻²⁷Les groupes formés par association mentale ne se bornent pas à rapprocher les termes qui présentent quelque chose de commun ; l’esprit saisit aussi la nature des rapports qui les relient dans chaque cas et crée par là autant de séries associatives qu’il y a de rapports divers. ¹⁷³⁻³²Ainsi dans $${\textit{enseignement,}}$$ $${\textit{enseigner,}}$$ $${\textit{enseignons,}}$$ etc., il y a un élément commun à tous les termes, le radical ; mais le mot $${\textit{enseignement}}$$ peut se trouver impliqué dans une série basée sur un autre élément commun, le suffixe (cf. $${\textit{enseignement,}}$$ $${\textit{armement,}}$$ $${\textit{changement,}}$$ etc.) ; l’association peut reposer aussi sur la seule analogie des signifiés $${(\textit{enseignement,}}$$ $${\textit{instruction,}}$$ $${\textit{apprentissage,}}$$ $${\textit{éducation,}}$$ etc.), ou au contraire, sur la simple communauté des images acoustiques (par exemple $${\text{enseigne}\textit{ment}}$$ et $${\text{juste}\textit{ment})}$$. ¹⁷⁴⁻⁷Donc il y a tantôt communauté double du sens et de la forme, tantôt communauté de forme ou de sens seulement. ¹⁷⁴⁻⁹Un mot quelconque peut toujours évoquer tout ce qui est susceptible de lui être associé d’une manière ou d’une autre.
¹⁷⁴⁻¹²Tandis qu’un syntagme appelle tout de suite l’idée d’un ordre de succession et d’un nombre déterminé d’éléments, les termes d’une famille associative ne se présentent ni en nombre défini, ni dans un ordre déterminé. ¹⁷⁴⁻¹⁵Si on associe $${\textit{désir-eux,}}$$ $${\textit{chaleur-eux,}}$$ $${\textit{peur-eux,}}$$ etc., on ne saurait dire d’avance quel sera le nombre des mots suggérés par la mémoire, ni dans quel ordre ils apparaîtront. ¹⁷⁴⁻¹⁸Un terme donné est comme le centre d’une constellation, le point où convergent d’autres termes coordonnés, dont la somme est indéfinie.
¹⁷⁴⁻²²Cependant, de ces deux caractères de la série associative, ordre indéterminé et nombre indéfini, seul le premier se vérifie toujours ; le second peut manquer. ¹⁷⁴⁻²⁴C’est ce qui arrive dans un type caractéristique de ce genre de groupements, les paradigmes de flexion. ¹⁷⁵⁻²En latin, dans $${\textit{dominus,}}$$ $${\textit{dominī,}}$$ $${\textit{dominō,}}$$ etc., nous avons bien un groupe associatif formé par un élément commun, le thème nominal $${\textit{domin-,}}$$ mais la série n’est pas indéfinie comme celle de $${\textit{enseignement,}}$$ $${\textit{changement,}}$$ etc. ; le nombre des cas est déterminé ; par contre leur succession n’est pas ordonnée spatialement, et c’est par un acte purement arbitraire que le grammairien les groupe d’une façon plutôt que d’une autre ; pour la conscience des sujets parlants le nominatif n’est nullement le premier cas de la déclinaison, et les termes pourront surgir dans tel ou tel ordre selon l’occasion.
註解 § 3.
¹⁷³⁻²⁷Les groupes formés par association mentale ne se bornent pas à rapprocher les termes qui présentent quelque chose de commun ; l’esprit saisit aussi la nature des rapports qui les relient dans chaque cas et crée par là autant de séries associatives qu’il y a de rapports divers.
¹⁷³⁻³²Ainsi dans $${\textit{enseignement,}}$$ $${\textit{enseigner,}}$$ $${\textit{enseignons,}}$$ etc., il y a un élément commun à tous les termes, le radical ; mais le mot $${\textit{enseignement}}$$ peut se trouver impliqué dans une série basée sur un autre élément commun, le suffixe (cf. $${\textit{enseignement,}}$$ $${\textit{armement,}}$$ $${\textit{changement,}}$$ etc.) ; l’association peut reposer aussi sur la seule analogie des signifiés $${(\textit{enseignement,}}$$ $${\textit{instruction,}}$$ $${\textit{apprentissage,}}$$ $${\textit{éducation,}}$$ etc.), ou au contraire, sur la simple communauté des images acoustiques (par exemple $${\text{enseigne}\textit{ment}}$$ et $${\text{juste}\textit{ment})}$$.
¹⁷⁴⁻⁷Donc il y a tantôt communauté double du sens et de la forme, tantôt communauté de forme ou de sens seulement.
¹⁷⁴⁻⁹Un mot quelconque peut toujours évoquer tout ce qui est susceptible de lui être associé d’une manière ou d’une autre.
¹⁷⁴⁻¹²Tandis qu’un syntagme appelle tout de suite l’idée d’un ordre de succession et d’un nombre déterminé d’éléments, les termes d’une famille associative ne se présentent ni en nombre défini, ni dans un ordre déterminé.
¹⁷⁴⁻¹⁵Si on associe $${\textit{désir-eux,}}$$ $${\textit{chaleur-eux,}}$$ $${\textit{peur-eux,}}$$ etc., on ne saurait dire d’avance quel sera le nombre des mots suggérés par la mémoire, ni dans quel ordre ils apparaîtront.
¹⁷⁴⁻¹⁸Un terme donné est comme le centre d’une constellation, le point où convergent d’autres termes coordonnés, dont la somme est indéfinie.
¹⁷⁴⁻²²Cependant, de ces deux caractères de la série associative, ordre indéterminé et nombre indéfini, seul le premier se vérifie toujours ; le second peut manquer.
¹⁷⁴⁻²⁴C’est ce qui arrive dans un type caractéristique de ce genre de groupements, les paradigmes de flexion.
¹⁷⁵⁻²En latin, dans $${\textit{dominus,}}$$ $${\textit{dominī,}}$$ $${\textit{dominō,}}$$ etc., nous avons bien un groupe associatif formé par un élément commun, le thème nominal $${\textit{domin-,}}$$ mais la série n’est pas indéfinie comme celle de $${\textit{enseignement,}}$$ $${\textit{changement,}}$$ etc. ; le nombre des cas est déterminé ; par contre leur succession n’est pas ordonnée spatialement, et c’est par un acte purement arbitraire que le grammairien les groupe d’une façon plutôt que d’une autre ; pour la conscience des sujets parlants le nominatif n’est nullement le premier cas de la déclinaison, et les termes pourront surgir dans tel ou tel ordre selon l’occasion.
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