ソシュール『一般言語学講義』註解 #07
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原著: pp. 97-103
小林訳: pp. 93-101
菅田訳: pp. 34-43
町田訳: pp. 99-106
各文の頭についている上付きの数字は、原著の「ページ数-行数」を示しています。
Cours 原文 § 1.
PREMIÈRE PARTIE
PRINCIPES GÉNÉRAUX
———
CHAPITRE PREMIER
NATURE DU SIGNE LINGUISTIQUE
§ 1. SIGNE, SIGNIFIÉ, SIGNIFIANT.
⁹⁷⁻⁶Pour certaines personnes la langue, ramenée à son principe essentiel, est une nomenclature, c’est-à-dire une liste de termes correspondant à autant de choses. ⁹⁷⁻⁸Par exemple :
⁹⁷⁻⁹Cette conception est critiquable à bien des égards. ⁹⁷⁻¹¹Elle suppose des idées toutes faites préexistant aux mots ; […] ⁹⁷⁻¹⁹elle laisse supposer que le lien qui unit un nom à une chose est une opération toute simple, ce qui est bien loin d’être vrai. ⁹⁷⁻²²Cependant cette vue simpliste peut nous rapprocher de la vérité, en nous montrant que l’unité linguistique est une chose double, faite du rapprochement de deux termes.
⁹⁸⁻³On a vu à propos du circuit de la parole, que les termes impliqués dans le signe linguistique sont tous deux psychiques et sont unis dans notre cerveau par le lien de l’association. ⁹⁸⁻⁶Insistons sur ce point.
⁹⁸⁻⁷Le signe linguistique unit non une chose et un nom, mais un concept et une image acoustique. ⁹⁸⁻⁸Cette dernière n’est pas le son matériel, chose purement physique, mais l’empreinte psychique de ce son, la représentation que nous en donne le témoignage de nos sens ; […]
⁹⁸⁻¹⁶Le caractère psychique de nos images acoustiques apparaît bien quand nous observons notre propre langage. ⁹⁸⁻¹⁷Sans remuer les lèvres ni la langue, nous pouvons nous parler à nous-mêmes ou nous réciter mentalement une pièce de vers. […]
⁹⁹⁻¹Le signe linguistique est donc une entité psychique à deux faces, qui peut être représentée par la figure :
⁹⁹⁻³Ces deux éléments sont intimement unis et s’appellent l’un l’autre. ⁹⁹⁻⁵Que nous cherchions le sens du mot latin $${\textit{arbor}}$$ ou le mot par lequel le latin désigne le concept « arbre », il est clair que seuls les rapprochements consacrés par la langue nous apparaissent conformes à la réalité, et nous écartons n’importe quel autre qu’on pourrait imaginer.
⁹⁹⁻¹³Cette définition pose une importante question de terminologie. ⁹⁹⁻¹⁴Nous appelons $${\textit{signe}}$$ la combinaison du concept et de l’image acoustique : mais dans l’usage $${\textit{courant}}$$ ce terme désigne généralement l’image acoustique seule, par exemple un mot ($${\textit{arbor,}}$$ etc.). ⁹⁹⁻¹⁷On oublie que si $${\textit{arbor}}$$ est appelé signe, ce n’est qu’en tant qu’il porte le concept « arbre », de telle sorte que l’idée de la partie sensorielle implique celle du total.
⁹⁹⁻²¹L’ambiguïté disparaîtrait si l’on désignait les trois notions ici en présence par des noms qui s’appellent les uns les autres tout en s’opposant. ⁹⁹⁻²³Nous proposons de conserver le mot $${\textit{signe}}$$ pour désigner le total, et de remplacer $${\textit{concept}}$$ et $${\textit{image}}$$$${\textit{acoustique}}$$ respectivement par $${\textit{signifié}}$$ et $${\textit{signifiant}}$$ ; ces derniers termes ont l’avantage de marquer l’opposition qui les sépare soit entre eux, soit du total dont ils font partie. […]
¹⁰⁰⁻³Le $${\textit{signe}}$$ linguistique ainsi défini possède deux caractères primordiaux. ¹⁰⁰⁻⁴En les énonçant nous poserons les principes mêmes de toute étude de cet ordre.
註解 § 1.
⁹⁷⁻⁶Pour certaines personnes la langue, ramenée à son principe essentiel, est une nomenclature, c’est-à-dire une liste de termes correspondant à autant de choses. ⁹⁷⁻⁸Par exemple :
⁹⁷⁻⁹Cette conception est critiquable à bien des égards.
⁹⁷⁻¹¹Elle suppose des idées toutes faites préexistant aux mots ;
⁹⁷⁻¹⁹elle laisse supposer que le lien qui unit un nom à une chose est une opération toute simple, ce qui est bien loin d’être vrai.
⁹⁷⁻²²Cependant cette vue simpliste peut nous rapprocher de la vérité, en nous montrant que l’unité linguistique est une chose double, faite du rapprochement de deux termes.
⁹⁸⁻³On a vu à propos du circuit de la parole, que les termes impliqués dans le signe linguistique sont tous deux psychiques et sont unis dans notre cerveau par le lien de l’association.
⁹⁸⁻⁶Insistons sur ce point.
⁹⁸⁻⁷Le signe linguistique unit non une chose et un nom, mais un concept et une image acoustique.
⁹⁸⁻⁸Cette dernière n’est pas le son matériel, chose purement physique, mais l’empreinte psychique de ce son, la représentation que nous en donne le témoignage de nos sens ; […]
⁹⁸⁻¹⁶Le caractère psychique de nos images acoustiques apparaît bien quand nous observons notre propre langage.
⁹⁸⁻¹⁷Sans remuer les lèvres ni la langue, nous pouvons nous parler à nous-mêmes ou nous réciter mentalement une pièce de vers. […]
⁹⁹⁻¹Le signe linguistique est donc une entité psychique à deux faces, qui peut être représentée par la figure :
⁹⁹⁻³Ces deux éléments sont intimement unis et s’appellent l’un l’autre.
⁹⁹⁻⁵Que nous cherchions le sens du mot latin $${\textit{arbor}}$$ ou le mot par lequel le latin désigne le concept « arbre », il est clair que seuls les rapprochements consacrés par la langue nous apparaissent conformes à la réalité, et nous écartons n’importe quel autre qu’on pourrait imaginer.
⁹⁹⁻¹³Cette définition pose une importante question de terminologie.
⁹⁹⁻¹⁴Nous appelons $${\textit{signe}}$$ la combinaison du concept et de l’image acoustique : mais dans l’usage $${\bm{courant}}$$ ce terme désigne généralement l’image acoustique seule, par exemple un mot ($${\textit{arbor,}}$$ etc.).
⁹⁹⁻¹⁷On oublie que si $${\textit{arbor}}$$ est appelé signe, ce n’est qu’en tant qu’il porte le concept « arbre », de telle sorte que l’idée de la partie sensorielle implique celle du total.
⁹⁹⁻²¹L’ambiguïté disparaîtrait si l’on désignait les trois notions ici en présence par des noms qui s’appellent les uns les autres tout en s’opposant.
⁹⁹⁻²³Nous proposons de conserver le mot $${\textit{signe}}$$ pour désigner le total, et de remplacer $${\textit{concept}}$$ et $${\textit{image}}$$$${\textit{acoustique}}$$ respectivement par $${\bm{signifié}}$$ et $${\bm{signifiant}}$$ ; ces derniers termes ont l’avantage de marquer l’opposition qui les sépare soit entre eux, soit du total dont ils font partie. […]
¹⁰⁰⁻³Le $${\bm{signe}}$$ linguistique ainsi défini possède deux caractères primordiaux.
¹⁰⁰⁻⁴En les énonçant nous poserons les principes mêmes de toute étude de cet ordre.
Cours 原文 § 2.
§ 2. PREMIER PRINCIPE : L’ARBITRAIRE DU SIGNE.
¹⁰⁰⁻⁷Le lien unissant le signifiant au signifié est arbitraire, ou encore, puisque nous entendons par signe le total résultant de l’association d’un signifiant à un signifié, nous pouvons dire plus simplement : $${\textit{le}}$$$${\textit{signe}}$$$${\textit{linguistique}}$$$${\textit{est}}$$$${\textit{arbitraire.}}$$
¹⁰⁰⁻¹¹Ainsi l’idée de « sœur » n’est liée par aucun rapport intérieur avec la suite de sons $${\textit{s–ö–r}}$$ qui lui sert de signifiant ; il pourrait être aussi bien représenté par n’importe quelle autre : à preuve les différences entre les langues et l’existence même de langues différentes : le signifié « bœuf » a pour signifiant $${\textit{b–ö–f}}$$ d’un côté de la frontière, et $${\textit{o–k–s }(\textit{Ochs})}$$ de l’autre. […]
¹⁰¹⁻²³Le mot $${\textit{arbitraire}}$$ appelle aussi une remarque. Il ne doit pas donner l’idée que le signifiant dépend du libre choix du sujet parlant (on verra plus bas qu’il n’est pas au pouvoir de l’individu de rien changer à un signe une fois établi dans un groupe linguistique) ; nous voulons dire qu’il est $${\textit{immotivé,}}$$ c’est-à-dire arbitraire par rapport au signifié, avec lequel il n’a aucune attache naturelle dans la réalité.
¹⁰¹⁻³⁰Signalons en terminant deux objections qui pourraient être faites à l’établissement de ce premier principe :
¹⁰¹⁻³²1° On pourrait s’appuyer sur les $${\textit{onomatopées}}$$ pour dire que le choix du signifiant n’est pas toujours arbitraire. ¹⁰¹⁻³³Mais elles ne sont jamais des éléments organiques d’un système linguistique. ¹⁰¹⁻³⁵Leur nombre est d’ailleurs bien moins grand qu’on ne le croit. ¹⁰²⁻¹Des mots comme $${\textit{fouet}}$$ ou $${\textit{glas}}$$ peuvent frapper certaines oreilles par une sonorité suggestive ; mais pour voir qu’ils n’ont pas ce caractère dès l’origine, il suffit de remonter à leurs formes latines ($${\textit{fouet}}$$ dérivé de $${\textit{fāgus}}$$ « hêtre », $${\textit{glas}}$$ = $${\textit{classicum}}$$) ; la qualité de leurs sons actuels, ou plutôt celle qu’on leur attribue, est un résultat fortuit de l’évolution phonétique.
¹⁰²⁻⁸Quant aux onomatopées authentiques (celles du type $${\textit{glou-glou,}}$$ $${\textit{tic-tac,}}$$ etc.), non seulement elles sont peu nombreuses, mais leur choix est déjà en quelque mesure arbitraire, puisqu’elles ne sont que l’imitation approximative et déjà à demi conventionnelle de certains bruits (comparez le français $${\textit{ouaoua}}$$ et l’allemand $${\textit{wauwau}}$$). ¹⁰²⁻¹³En outre, une fois introduites dans la langue, elles sont plus ou moins entraînées dans l’évolution phonétique, morphologique, etc. que subissent les autres mots (cf. $${\textit{pigeon,}}$$ du latin vulgaire $${\textit{pīpiō,}}$$ dérivé lui-même d’une onomatopée) : preuve évidente qu’elles ont perdu quelque chose de leur caractère premier pour revêtir celui du signe linguistique en général, qui est immotivé.
¹⁰²⁻²¹2° Les $${\textit{exclamations,}}$$ très voisines des onomatopées, donnent lieu à des remarques analogues et ne sont pas plus dangereuses pour notre thèse. ¹⁰²⁻²³On est tenté d’y voir des expressions spontanées de la réalité, dictées pour ainsi dire par la nature. ¹⁰²⁻²⁵Mais pour la plupart d’entre elles, on peut nier qu’il y ait un lien nécessaire entre le signifié et le signifiant. ¹⁰²⁻²⁷Il suffit de comparer deux langues à cet égard pour voir combien ces expressions varient de l’une à l’autre (par exemple au français $${\textit{aïe !}}$$ correspond l’allemand $${\textit{au !}}$$). ¹⁰²⁻²⁹On sait d’ailleurs que beaucoup d’exclamations ont commencé par être des mots à sens déterminé (cf. $${\textit{diable !}}$$ $${\textit{mordieu !}}$$ = $${\textit{mort}}$$ $${\textit{Dieu,}}$$ etc.).
¹⁰²⁻³³En résumé, les onomatopées et les exclamations sont d’importance secondaire, et leur origine symbolique en partie contestable.
註解 § 2.
¹⁰⁰⁻⁷Le lien unissant le signifiant au signifié est arbitraire, ou encore, puisque nous entendons par signe le total résultant de l’association d’un signifiant à un signifié, nous pouvons dire plus simplement : $${\textit{le}}$$$${\textit{signe}}$$$${\textit{linguistique}}$$$${\textit{est}}$$$${\bm{arbitraire.}}$$
¹⁰⁰⁻¹¹Ainsi l’idée de « sœur » n’est liée par aucun rapport intérieur avec la suite de sons $${\textit{s–ö–r}}$$ qui lui sert de signifiant ; il pourrait être aussi bien représenté par n’importe quelle autre : à preuve les différences entre les langues et l’existence même de langues différentes : le signifié « bœuf » a pour signifiant $${\textit{b–ö–f}}$$ d’un côté de la frontière, et $${\textit{o–k–s }(\textit{Ochs})}$$ de l’autre.
¹⁰¹⁻²³Le mot $${\bm{arbitraire}}$$ appelle aussi une remarque.
¹⁰¹⁻²³Il ne doit pas donner l’idée que le signifiant dépend du libre choix du sujet parlant (on verra plus bas qu’il n’est pas au pouvoir de l’individu de rien changer à un signe une fois établi dans un groupe linguistique) ; nous voulons dire qu’il est $${\bm{immotivé,}}$$ c’est-à-dire arbitraire par rapport au signifié, avec lequel il n’a aucune attache naturelle dans la réalité.
¹⁰¹⁻³⁰Signalons en terminant deux objections qui pourraient être faites à l’établissement de ce premier principe :
¹⁰¹⁻³²1° On pourrait s’appuyer sur les $${\textit{onomatopées}}$$ pour dire que le choix du signifiant n’est pas toujours arbitraire.
¹⁰¹⁻³³Mais elles ne sont jamais des éléments organiques d’un système linguistique.
¹⁰¹⁻³⁵Leur nombre est d’ailleurs bien moins grand qu’on ne le croit.
¹⁰²⁻¹Des mots comme $${\textit{fouet}}$$ ou $${\textit{glas}}$$ peuvent frapper certaines oreilles par une sonorité suggestive ; mais pour voir qu’ils n’ont pas ce caractère dès l’origine, il suffit de remonter à leurs formes latines ($${\textit{fouet}}$$ dérivé de $${\textit{fāgus}}$$ « hêtre », $${\textit{glas}}$$ = $${\textit{classicum}}$$) ; la qualité de leurs sons actuels, ou plutôt celle qu’on leur attribue, est un résultat fortuit de l’évolution phonétique.
¹⁰²⁻⁸Quant aux onomatopées authentiques (celles du type $${\textit{glou-glou,}}$$ $${\textit{tic-tac,}}$$ etc.), non seulement elles sont peu nombreuses, mais leur choix est déjà en quelque mesure arbitraire, puisqu’elles ne sont que l’imitation approximative et déjà à demi conventionnelle de certains bruits (comparez le français $${\textit{ouaoua}}$$ et l’allemand $${\textit{wauwau}}$$).
¹⁰²⁻¹³En outre, une fois introduites dans la langue, elles sont plus ou moins entraînées dans l’évolution phonétique, morphologique, etc. que subissent les autres mots (cf. $${\bm{pigeon,}}$$ du latin vulgaire $${\textit{pīpiō,}}$$ dérivé lui-même d’une onomatopée) : preuve évidente qu’elles ont perdu quelque chose de leur caractère premier pour revêtir celui du signe linguistique en général, qui est immotivé.
¹⁰²⁻²¹2° Les $${\textit{exclamations,}}$$ très voisines des onomatopées, donnent lieu à des remarques analogues et ne sont pas plus dangereuses pour notre thèse.
¹⁰²⁻²³On est tenté d’y voir des expressions spontanées de la réalité, dictées pour ainsi dire par la nature.
¹⁰²⁻²⁵Mais pour la plupart d’entre elles, on peut nier qu’il y ait un lien nécessaire entre le signifié et le signifiant.
¹⁰²⁻²⁷Il suffit de comparer deux langues à cet égard pour voir combien ces expressions varient de l’une à l’autre (par exemple au français $${\textit{aïe !}}$$ correspond l’allemand $${\textit{au !}}$$).
¹⁰²⁻²⁹On sait d’ailleurs que beaucoup d’exclamations ont commencé par être des mots à sens déterminé (cf. $${\textit{diable !}}$$ $${\textit{mordieu !}}$$ = $${\textit{mort}}$$ $${\textit{Dieu,}}$$ etc.).
¹⁰²⁻³³En résumé, les onomatopées et les exclamations sont d’importance secondaire, et leur origine symbolique en partie contestable.
Cours 原文 § 3.
§ 3. SECOND PRINCIPE ; CARACTÈRE LINÉAIRE DU SIGNIFIANT.
¹⁰³⁻²Le signifiant, étant de nature auditive, se déroule dans le temps seul et a les caractères qu’il emprunte au temps : a) $${\textit{il}}$$$${\textit{représente}}$$$${\textit{une}}$$$${\textit{étendue,}}$$ et b) $${\textit{cette}}$$$${\textit{étendue}}$$$${\textit{est}}$$$${\textit{mesurable}}$$$${\textit{dans}}$$$${\textit{une}}$$$${\textit{seule}}$$$${\textit{dimension}}$$ : c’est une ligne.
¹⁰³⁻⁶Ce principe est évident, mais il semble qu’on ait toujours négligé de l’énoncer, sans doute parce qu’on l’a trouvé trop simple ; cependant il est fondamental et les conséquences en sont incalculables ; son importance est égale à celle de la première loi. ¹⁰³⁻¹⁰Tout le mécanisme de la langue en dépend. ¹⁰³⁻¹¹Par opposition aux signifiants visuels (signaux maritimes, etc.) qui peuvent offrir des complications simultanées sur plusieurs dimensions, les signifiants acoustiques ne disposent que de la ligne du temps ; leurs éléments se présentent l’un après l’autre ; ils forment une chaîne. ¹⁰³⁻¹⁵Ce caractère apparaît immédiatement dès qu’on les représente par l’écriture et qu’on substitue la ligne spatiale des signes graphiques à la succession dans le temps.
¹⁰³⁻¹⁹Dans certains cas cela n’apparaît pas avec évidence. Si par exemple j’accentue une syllabe, il semble que j’accumule sur le même point des éléments significatifs différents. ¹⁰³⁻²¹Mais c’est une illusion ; la syllabe et son accent ne constituent qu’un acte phonatoire ; il n’y a pas dualité à l’intérieur de cet acte, mais seulement des oppositions diverses avec ce qui est à côté.
註解 § 3.
¹⁰³⁻²Le signifiant, étant de nature auditive, se déroule dans le temps seul et a les caractères qu’il emprunte au temps : a) $${\textit{il}}$$$${\textit{représente}}$$$${\textit{une}}$$$${\textit{étendue,}}$$ et b) $${\textit{cette}}$$$${\textit{étendue}}$$$${\textit{est}}$$$${\textit{mesurable}}$$$${\textit{dans}}$$$${\textit{une}}$$$${\textit{seule}}$$$${\textit{dimension}}$$ : c’est une ligne.
¹⁰³⁻⁶Ce principe est évident, mais il semble qu’on ait toujours négligé de l’énoncer, sans doute parce qu’on l’a trouvé trop simple ; cependant il est fondamental et les conséquences en sont incalculables ; son importance est égale à celle de la première loi.
¹⁰³⁻¹⁰Tout le mécanisme de la langue en dépend.
¹⁰³⁻¹¹Par opposition aux signifiants visuels (signaux maritimes, etc.) qui peuvent offrir des complications simultanées sur plusieurs dimensions, les signifiants acoustiques ne disposent que de la ligne du temps ; leurs éléments se présentent l’un après l’autre ; ils forment une chaîne.
¹⁰³⁻¹⁵Ce caractère apparaît immédiatement dès qu’on les représente par l’écriture et qu’on substitue la ligne spatiale des signes graphiques à la succession dans le temps.
¹⁰³⁻¹⁹Dans certains cas cela n’apparaît pas avec évidence. Si par exemple j’accentue une syllabe, il semble que j’accumule sur le même point des éléments significatifs différents.
¹⁰³⁻²¹Mais c’est une illusion ; la syllabe et son accent ne constituent qu’un acte phonatoire ; il n’y a pas dualité à l’intérieur de cet acte, mais seulement des oppositions diverses avec ce qui est à côté.
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