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ソシュール『一般言語学講義』註解 #11

Mais autre chose est de sentir ce jeu rapide et délicat des unités, autre chose d’en rendre compte par une analyse méthodique.

Cours. p. 148

このシリーズについての概要および凡例はこちら。

原著: pp. 144-149
小林訳: pp. 145-150
菅田訳: pp. 74-81
町田訳: pp. 146-151
各文の頭についている上付きの数字は、原著の「ページ数-行数」を示しています。


Cours 原文 § 1.

CHAPITRE II
LES ENTITÉS CONCRÈTES DE LA LANGUE

§ 1. ENTITÉS ET UNITÉS. DÉFINITIONS.

¹⁴⁴⁻⁴Les signes dont la langue est composée ne sont pas des abstractions, mais des objets réels ; ce sont eux et leurs rapports que la linguistique étudie ; on peut les appeler les $${\textit{entités}}$$ $${\textit{concrètes}}$$ de cette science.
¹⁴⁴⁻⁸Rappelons d’abord deux principes qui dominent toute la question :
¹⁴⁴⁻¹⁰1º L’entité linguistique n’existe que par l’association du signifiant et du signifié ; […] ¹⁴⁴⁻¹⁶la syllabe n’a de valeur qu’en phonologie. ¹⁴⁴⁻¹⁷Une suite de sons n’est linguistique que si elle est le support d’une idée ; […]
¹⁴⁴⁻²¹Il en est de même du signifié, dès qu’on le sépare de son signifiant. ¹⁴⁴⁻²²Des concepts tels que « maison », « blanc », « voir », etc., considérés en eux-mêmes, appartiennent à la psychologie ; ils ne deviennent entités linguistiques que par association avec des images acoustiques ; […]
¹⁴⁵⁻³On a souvent comparé cette unité à deux faces avec l’unité de la personne humaine, composée du corps et de l’âme. ¹⁴⁵⁻⁵Le rapprochement est peu satisfaisant. On pourrait penser plus justement à un composé chimique, l’eau par exemple ; c’est une combinaison d’hydrogène et d’oxygène ; pris à part, chacun de ces éléments n’a aucune des propriétés de l’eau.
¹⁴⁵⁻¹⁰2º L’entité linguistique n’est complètement déterminée que lorsqu’elle est $${\textit{délimitée,}}$$ séparée de tout ce qui l’entoure sur la chaîne phonique. ¹⁴⁵⁻¹²Ce sont ces entités délimitées ou unités qui s’opposent dans le mécanisme de la langue.
[…] ¹⁴⁵⁻²²Mais on sait que la chaîne phonique a pour premier caractère d’être linéaire. ¹⁴⁵⁻²⁴Considérée en elle-même, elle n’est qu’une ligne, un ruban continu, où l’oreille ne perçoit aucune division suffisante et précise ; pour cela il faut faire appel aux significations. ¹⁴⁵⁻²⁷Quand nous entendons une langue inconnue, nous sommes hors d’état de dire comment la suite des sons doit être analysée ; c’est que cette analyse est impossible si l’on ne tient compte que de l’aspect phonique du phénomène linguistique. […]
¹⁴⁶⁻⁵L’unité n’a aucun caractère phonique spécial, et la seule définition qu’on puisse en donner est la suivante : $${\textit{une}}$$$${\textit{tranche}}$$$${\textit{de}}$$$${\textit{sonorité}}$$$${\textit{qui}}$$$${\textit{est,}}$$$${\textit{à}}$$$${\textit{l’exclusion}}$$$${\textit{de}}$$$${\textit{ce}}$$$${\textit{qui}}$$$${\textit{précède}}$$$${\textit{et}}$$$${\textit{ce}}$$$${\textit{qui}}$$$${\textit{suit}}$$$${\textit{dans}}$$$${\textit{la}}$$$${\textit{chaîne}}$$$${\textit{parlée,}}$$$${\textit{le}}$$$${\textit{signifiant}}$$$${\textit{d’un}}$$$${\textit{certain}}$$$${\textit{concept.}}$$

註解 § 1.

¹⁴⁴⁻⁴Les signes dont la langue est composée ne sont pas des abstractions, mais des objets réels ; ce sont eux et leurs rapports que la linguistique étudie ; on peut les appeler les $${\bm{entités}}$$ $${\textit{concrètes}}$$ de cette science.

dont = la langue est composée de ces signes
ne … pas
A mais B : 「AではなくBである」
ce sontque … : 分裂文(強調構文)。
entités concrètes : 小林訳(p. 146)「具体的実在体」、菅田訳(p. 75)・町田訳(p. 146)「具体的な実体」。(cf. 小林訳訳注 p. 384)
解釈が難しい語だが、ひとまず signes = objets réels = entités concrètes ≠ abstractions であることを抑えておくだけで充分か。

¹⁴⁴⁻⁸Rappelons d’abord deux principes qui dominent toute la question :

¹⁴⁴⁻¹⁰ L’entité linguistique n’existe que par l’association du signifiant et du signifié ; […]

= primo「第1に」
entité linguistique = signes なので99-1以下で見た通り、シニフィアンとシニフィエの連合関係ということになる。

¹⁴⁴⁻¹⁶la syllabe n’a de valeur qu’en phonologie.

syllabe :「音節」。ここでは「意味を持たない音声単位」くらいのニュアンスか。cf. アリストテレース『詩学』1456b「音節(シュラベー)とは、黙音と、音声をもつ要素(母音または半母音)とから合成された、それ自体意味をもたない音声である。(松本訳)」
phonologie : Saussure の用語では現代の phonologie「音韻論」とは異なり、「音声学」よりの意味合いであることに注意。
*菅田『講義抄』(p. 74)では syllabe が *syllable と英語風の綴りになっている。

¹⁴⁴⁻¹⁷Une suite de sons n’est linguistique que si elle est le support d’une idée ; […]

シニフィエがあって、初めてシニフィアンとして分析できるということ。(厳密には物理的な「音」はシニフィアンではないが:cf. p. 28

¹⁴⁴⁻²¹Il en est de même du signifié, dès qu’on le sépare de son signifiant.

il en est de même de … : 「…についても事情は同じである」
le = le signifié

¹⁴⁴⁻²²Des concepts tels que « maison », « blanc », « voir », etc., considérés en eux-mêmes, appartiennent à la psychologie ; ils ne deviennent entités linguistiques que par association avec des images acoustiques ; […]

image acoustique = signifiant (cf. pp. 28, 99)
*原著では psychologie が *phsycologie になっている。菅田『講義抄』(p. 74)にも引き継がれている。

¹⁴⁵⁻³On a souvent comparé cette unité à deux faces avec l’unité de la personne humaine, composée du corps et de l’âme.

à deux faces : 特徴を示す à。

¹⁴⁵⁻⁵Le rapprochement est peu satisfaisant. On pourrait penser plus justement à un composé chimique, l’eau par exemple ; c’est une combinaison d’hydrogène et d’oxygène ; pris à part, chacun de ces éléments n’a aucune des propriétés de l’eau.

à part : 「他と切り離して、個別に」

¹⁴⁵⁻¹⁰ L’entité linguistique n’est complètement déterminée que lorsqu’elle est $${\textit{délimitée,}}$$ séparée de tout ce qui l’entoure sur la chaîne phonique.

= secundo /sə.ɡɔ̃.do/ 「第2に」
ne … que + 時の表現 :「~の時に初めて」
délimiter, séparer する方法の具体的な例が次の § 2. で説明される。

¹⁴⁵⁻¹²Ce sont ces entités délimitées ou unités qui s’opposent dans le mécanisme de la langue.

ce sontqui … : 分裂文(強調構文)
ces entités délimitées が unités と言い換えられている点に注意。

¹⁴⁵⁻²²Mais on sait que la chaîne phonique a pour premier caractère d’être linéaire.

avoir pour +無冠詞名詞 de inf. : 「~することを…とする」

¹⁴⁵⁻²⁴Considérée en elle-même, elle n’est qu’une ligne, un ruban continu, où l’oreille ne perçoit aucune division suffisante et précise ; pour cela il faut faire appel aux significations.

elle =  la chaîne phonique
faire appel à : 「…に助けを求める」

¹⁴⁵⁻²⁷Quand nous entendons une langue inconnue, nous sommes hors d’état de dire comment la suite des sons doit être analysée ; c’est que cette analyse est impossible si l’on ne tient compte que de l’aspect phonique du phénomène linguistique. […]

hors d’état de inf. : 「…できない状態の」
c’est que + 直説法 = c’est parce que …
tenir compte de … : 「…を考慮に入れる」

¹⁴⁶⁻⁵L’unité n’a aucun caractère phonique spécial, et la seule définition qu’on puisse en donner est la suivante : $${\textit{une}}$$$${\textit{tranche}}$$$${\textit{de}}$$$${\textit{sonorité}}$$$${\textit{qui}}$$$${\textit{est,}}$$$${\bm{à}}$$$${\bm{l’exclusion}}$$$${\bm{de}}$$$${\textit{ce}}$$$${\textit{qui}}$$$${\textit{précède}}$$$${\textit{et}}$$$${\textit{ce}}$$$${\textit{qui}}$$$${\textit{suit}}$$$${\textit{dans}}$$$${\textit{la}}$$$${\textit{chaîne}}$$$${\textit{parlée,}}$$$${\textit{le}}$$$${\textit{signifiant}}$$$${\textit{d’un}}$$$${\textit{certain}}$$$${\textit{concept.}}$$

en = (donner la seule définition) de cette unité「この単位について」
à l’exclusion de
… : 「…を除いて」

Cours 原文 § 2.

§ 2. MÉTHODE DE DÉLIMITATION.

¹⁴⁶⁻¹¹Celui qui possède une langue en délimite les unités par une méthode fort simple du moins en théorie. ¹⁴⁶⁻¹²Elle consiste à se placer dans la parole, envisagée comme document de langue et à la représenter par deux chaînes parallèles, celle des concepts $${(a),}$$ et celle des images acoustiques $${(b).}$$
¹⁴⁶⁻¹⁶Une délimitation correcte exige que les divisions établies dans la chaîne acoustique (α β γ ….) correspondent à celles de la chaîne des concepts (α′ β′ γ′ ….) :

¹⁴⁶⁻¹⁹Soit en français $${\textit{sižlaprã}}$$ : puis-je couper cette chaîne après $${\textit{l}}$$ et poser $${\textit{sižl}}$$ comme unité ? ¹⁴⁶⁻²⁰Non : il suffit de considérer les concepts pour voir que cette division est fausse. ¹⁴⁶⁻²¹La coupe en syllabe : $${\textit{siž-la-prã}}$$ n’a rien non plus de linguistique $${\textit{a priori.}}$$ ¹⁴⁶⁻²³Les seules divisions possibles sont : 1º $${\textit{si-ž-la-prã}}$$ (« si je la prends »), et 2º $${\textit{si-ž-l-aprã}}$$ (« si je l’apprends »), et elles sont déterminées par le sens qu’on attache à ces paroles.
[…] ¹⁴⁷⁻³Soient les deux membres de phrase : $${\textit{lafǫrsdüvã}}$$ « la force du vent » et $${\textit{abudfǫrs}}$$ « à bout de force » : dans l’un comme dans l’autre, le même concept coïncide avec la même tranche phonique $${\textit{fǫrs}}$$ ; c’est donc bien une unité linguistique. ¹⁴⁷⁻⁷Mais dans $${\textit{ilmәfǫrsaparlẹ}}$$ « il me force à parler », $${\textit{fǫrs}}$$ a un sens tout différent ; c’est donc une autre unité.

註解 § 2.

¹⁴⁶⁻¹¹Celui qui possède une langue en délimite les unités par une méthode fort simple du moins en théorie.

en = (délimite les unités) de cette langue
fort
 : 副詞。「大いに、非常に」
du moins : 「少なくとも」

¹⁴⁶⁻¹²Elle consiste à se placer dans la parole, envisagée comme document de langue et à la représenter par deux chaînes parallèles, celle des concepts $${(a),}$$ et celle des images acoustiques $${(b).}$$

elle = cette méthode。町田訳(p. 147)では「ラングの本質は…」と訳しているので、この elle を langue を受けるものと解釈しているようだが、「ラングの本質は、ラングの資料だとされるパロールの中に位置し」では、意味が通らない。
la = la parole
concept = signifié, image acoustique = signifiant

¹⁴⁶⁻¹⁶Une délimitation correcte exige que les divisions établies dans la chaîne acoustique (α β γ ….) correspondent à celles de la chaîne des concepts (α′ β′ γ′ ….) :

une : ここでは総称的に「…というものは」
exiger que + 接続法 : 「…であることを要求する、必要とする」。correspondent は接続法現在形。
*前文で、chaîne des concepts が a、chaîne des images acoustiques が b とされていたのに、ここでは、a の列に置かれている α β γ … が la chaîne acoustique、b の列の α′ β′ γ′ … が chaîne des concepts とされているのは不審。諸邦訳でも特に言及はなくそのまま訳されている。Harris訳では、(α β γ ….) と (α′ β′ γ′ ….) とを入れ替えているので、それが穏当か。
*ここでも町田訳(p. 148)は「ラングにおける境界を正確に設定しようとすると…が必要である」と訳出しているが「ラングにおける」がどこから出てきたのか不可解である。

¹⁴⁶⁻¹⁹Soit en français $${\textit{sižlaprã}}$$ : puis-je couper cette chaîne après $${\textit{l}}$$ et poser $${\textit{sižl}}$$ comme unité ?

soit : 「仮に…があるとする」
*町田訳(p. 148)では、わざわざIPAの置き換えが併記されている(しかし、凡例と異なり [ ] ではなく ( ) が使われている)が、si のままでよいところが ʃi になっている。(cf. 熊本, 2017, e48)
*菅田『講義抄』(p. 76)では prã の3ヵ所および vã のティルダがマクロンに置き換わっている(ā)(なぜか aprã « apprends » の部分(原著では誤植がある:後述)とそれぞれに対応する邦訳箇所では正しくなっている)。

¹⁴⁶⁻²⁰Non : il suffit de considérer les concepts pour voir que cette division est fausse.

il suffit de inf. : 非人称構文「…するだけで充分である」

¹⁴⁶⁻²¹La coupe en syllabe : $${\textit{siž-la-prã}}$$ n’a rien non plus de linguistique $${\textit{a priori.}}$$

¹⁴⁶⁻²³Les seules divisions possibles sont : 1º $${\textit{si-ž-la-prã}}$$ (« si je la prends »), et 2º $${\textit{si-ž-l-aprã}}$$ (« si je l’apprends »), et elles sont déterminées par le sens qu’on attache à ces paroles.

*原著では aprã « apprends » のティルダが落ちている。

¹⁴⁷⁻³Soient les deux membres de phrase : $${\textit{lafǫrsdüvã}}$$ « la force du vent » et $${\textit{abudfǫrs}}$$ « à bout de force » : dans l’un comme dans l’autre, le même concept coïncide avec la même tranche phonique $${\textit{fǫrs}}$$ ; c’est donc bien une unité linguistique.

Soient : 「…があるとしよう」。主語にあたる名詞 (les deux membres) が複数なので、それにあわせて三人称複数形の活用をとっているが、やや古風。
membres de phrase :「文の成員」。要するに文を構成する一要素のこと。小林訳(p. 174)「文肢」というのは聞きなれないが、町田訳(p. 148)「文に属する(次の2つの)語句」というのもやや冗長である。菅田訳(p. 77)の「句」というのが簡素だが一番わかりやすいかもしれない。
A comme B : 「AもBも」

¹⁴⁷⁻⁷Mais dans $${\textit{ilmәfǫrsaparlẹ}}$$ « il me force à parler », $${\textit{fǫrs}}$$ a un sens tout différent ; c’est donc une autre unité.

Cours 原文 § 3.

§ 3. DIFFICULTÉS PRATIQUES DE LA DÉLIMITATION.

[…]
¹⁴⁷⁻²⁴Pour s’en convaincre, qu’on pense seulement à $${\textit{cheval}}$$ et à son pluriel $${\textit{chevaux.}}$$ ¹⁴⁷⁻²⁵On dit couramment que ce sont deux formes du même nom ; pourtant, prises dans leur totalité, elles sont bien deux choses distinctes, soit pour le sens, soit pour les sons. ¹⁴⁷⁻²⁸Dans $${\textit{mwa}}$$ (« le $${\textit{mois}}$$ de décembre ») et $${\textit{mwaz}}$$ (« un $${\textit{mois}}$$ après »), on a aussi le même mot sous deux aspects distincts, et il ne saurait être question d’une unité concrète : le sens est bien le même, mais les tranches de sonorités sont différentes. ¹⁴⁷⁻³²Ainsi, dès qu’on veut assimiler les unités concrètes à des mots, on se trouve en face d’un dilemme : ou bien ignorer la relation, pourtant évidente, qui unit $${\textit{cheval}}$$ à $${\textit{chevaux,}}$$ $${\textit{mwa}}$$ à $${\textit{mwaz,}}$$ etc., et dire que ce sont des mots différents, — ou bien, au lieu d’unités concrètes, se contenter de l’abstraction qui réunit les diverses formes du même mot. ¹⁴⁸⁻⁵Il faut chercher l’unité concrète ailleurs que dans le mot. ¹⁴⁸⁶⁻Du reste beaucoup de mots sont des unités complexes, où l’on distingue aisément des sousunités (suffixes, préfixes, radicaux) ; des dérivés comme $${\textit{désir-eux,}}$$ $${\textit{malheur-eux}}$$ se divisent en parties distinctes dont chacune a un sens et un rôle évidents. ¹⁴⁸⁻¹⁰Inversement il y a des unités plus larges que les mots : les composés $${(\textit{porte-plume}),}$$ les locutions $${(\textit{s’il vous plaît}),}$$ les formes de flexion $${(\textit{il a été}),}$$ etc. ¹⁴⁸⁻¹³Mais ces unités opposent à la délimitation les mêmes difficultés que les mots proprement dits, et il est extrêmement difficile de débrouiller dans une chaîne phonique le jeu des unités qui s’y rencontrent et de dire sur quels éléments concrets une langue opère.
¹⁴⁸⁻¹⁸Sans doute les sujets parlants ne connaissent pas ces difficultés ; tout ce qui est significatif à un degré quelconque leur apparaît comme un élément concret, et ils le distinguent infaillement dans le discours. ¹⁴⁸⁻²¹Mais autre chose est de sentir ce jeu rapide et délicat des unités, autre chose d’en rendre compte par une analyse méthodique.
¹⁴⁸⁻²⁴Une théorie assez répandue prétend que les seules unités concrètes sont les phrases : nous ne parlons que par les phrases, et après coup nous en extrayons les mots. ¹⁴⁸⁻²⁶Mais d’abord jusqu’à quel point la phrase appartient-elle à la langue ? ¹⁴⁸⁻²⁸Si elle relève de la parole, elle ne saurait passer pour l’unité linguistique. ¹⁴⁸⁻²⁹Admettons cependant que cette difficulté soit écartée. ¹⁴⁸⁻³⁰Si nous nous représentons l’ensemble des phrases susceptibles d’être prononcées, leur caractère le plus frappant est de ne pas se ressembler du tout entre elles. ¹⁴⁸⁻³³Au premier abord on est tenté d’assimiler l’immense diversité des phrases à la diversité non moins grande des individus qui composent une espèce zoologique ; mais c’est une illusion : chez les animaux d’une même espèce les caractères communs sont bien plus importants que les différences qui les séparent ; entre les phrases, au contraire, c’est la diversité qui domine, et dès qu’on cherche ce qui les relie toutes à travers cette diversité, on retrouve, sans l’avoir cherché, le mot avec ses caractères grammaticaux, et l’on retombe dans les mêmes difficultés.

註解 § 3.

¹⁴⁷⁻²⁴Pour s’en convaincre, qu’on pense seulement à $${\textit{cheval}}$$ et à son pluriel $${\textit{chevaux.}}$$

se convaincre de … : 「…を納得する」。en (= de cela)が受けているのは前文脈なのだが、菅田対訳『講義抄』では省略されている。要約するとこの章で問題としている unité concrète と一般に言われる mots とが一致しないということ。
que + 接続法 : 願望や命令を表す接続法。

¹⁴⁷⁻²⁵On dit couramment que ce sont deux formes du même nom ; pourtant, prises dans leur totalité, elles sont bien deux choses distinctes, soit pour le sens, soit pour les sons.

soit A soit B :「Aにせよ、Bにせよ」

¹⁴⁷⁻²⁸Dans $${\textit{mwa}}$$ (« le $${\textit{mois}}$$ de décembre ») et $${\textit{mwaz}}$$ (« un $${\textit{mois}}$$ après »), on a aussi le même mot sous deux aspects distincts, et il ne saurait être question d’une unité concrète : le sens est bien le même, mais les tranches de sonorités sont différentes.

ne saurait : savoir は ne 単独で否定されることがある。
il est question de … :「…が問題になっている」

¹⁴⁷⁻³²Ainsi, dès qu’on veut assimiler les unités concrètes à des mots, on se trouve en face d’un dilemme : ou bien ignorer la relation, pourtant évidente, qui unit $${\textit{cheval}}$$ à $${\textit{chevaux,}}$$ $${\textit{mwa}}$$ à $${\textit{mwaz,}}$$ etc., et dire que ce sont des mots différents, — ou bien, au lieu d’unités concrètes, se contenter de l’abstraction qui réunit les diverses formes du même mot.

dès que … :「…するやいなや、するとすぐに」
ou bien 
A ou bien B : 「…か、それとも…か」。bien は ou の強調。
au lieu de … : 「…の代わりに」

¹⁴⁸⁻⁵Il faut chercher l’unité concrète ailleurs que dans le mot.

ailleurs que … :「…以外のところで」
*町田訳(p. 149)では「後者の場合には、」と始めているが不審。unités concrètes を mots と同一視しようとするとジレンマにおちいるので、mot とは別のところに unité concrète を探さなくてはいけないということであり、前者の場合と後者の場合とで分けることは無意味である。

¹⁴⁸⁻⁶Du reste beaucoup de mots sont des unités complexes, où l’on distingue aisément des sousunités (suffixes, préfixes, radicaux) ; des dérivés comme $${\textit{désir-eux,}}$$ $${\textit{malheur-eux}}$$ se divisent en parties distinctes dont chacune a un sens et un rôle évidents.

du reste :「そのうえ、しかも」
radical : 「語幹;語基」
dont = (chacune) de ces parties distinctes

¹⁴⁸⁻¹⁰Inversement il y a des unités plus larges que les mots : les composés $${(\textit{porte-plume}),}$$ les locutions $${(\textit{s’il vous plaît}),}$$ les formes de flexion $${(\textit{il a été}),}$$ etc.

¹⁴⁸⁻¹³Mais ces unités opposent à la délimitation les mêmes difficultés que les mots proprement dits, et il est extrêmement difficile de débrouiller dans une chaîne phonique le jeu des unités qui s’y rencontrent et de dire sur quels éléments concrets une langue opère.

proprement dit : 「本来の意味での、いわゆる」
il est + 形容詞 + de inf. :「…するのは~である」。非人称構文。ここでは de débrouiller と de dire が意味上の主語。
jeu :「働き、作用」
opérer sur … : 「…に作用する」

¹⁴⁸⁻¹⁸Sans doute les sujets parlants ne connaissent pas ces difficultés ; tout ce qui est significatif à un degré quelconque leur apparaît comme un élément concret, et ils le distinguent infaillement dans le discours.

sans doute mais … :「確かに…であるが、しかし…」。mais… の部分は次文。ここでも町田訳(p. 150)は「恐らく」と訳している。
sujet parlant
 :「話し手」
infaillement
 : 辞書に載っていない語(載せている辞書があったら教えてください)。faillir「過ちを犯す」の派生語であることは自明で、小林訳(p. 149)・町田訳(p. 150)「間違いなく」、菅田訳(p. 79)「間違わずに」と解釈してよさそう。Harris訳では they do not fail to notice it

¹⁴⁸⁻²¹Mais autre chose est de sentir ce jeu rapide et délicat des unités, autre chose den rendre compte par une analyse méthodique.

autre chose est de inf., autre chose est de inf. :「…するのと、…するのとはまったく別のことだ」。ここでは二回目の est が省略されている。de inf. がそれぞれの主語で、autre chose は属詞。
rendre compte de … :「…について報告する、説明する」。町田訳(p. 150)は「理解すること」としているが、se rendre compte と誤解したか。
en = (rendre compte) de ce jeu
*町田訳は、「単位をすばやく敏感な働きで感じ取ること」と訳しているが、sentir の直接目的補語は ce jeu である。

¹⁴⁸⁻²⁴Une théorie assez répandue prétend que les seules unités concrètes sont les phrases : nous ne parlons que par les phrases, et après coup nous en extrayons les mots.

après coup : 「あとになってから、事後的に」
en =  (nous extrayons les mots) des phrases

¹⁴⁸⁻²⁶Mais d’abord jusqu’à quel point la phrase appartient-elle à la langue ?

¹⁴⁸⁻²⁸Si elle relève de la parole, elle ne saurait passer pour l’unité linguistique.

relever de … :「…の領域に属する」
ne saurait : ne の単独否定。
passer pour + 属詞 : 「…と思われる、…で通る」

¹⁴⁸⁻²⁹Admettons cependant que cette difficulté soit écartée.

admettre que + 接続法 :「…であると仮に認める、仮定する」
écarter
 : 「…を取り除く」

¹⁴⁸⁻³⁰Si nous nous représentons l’ensemble des phrases susceptibles d’être prononcées, leur caractère le plus frappant est de ne pas se ressembler du tout entre elles.

se représenter … : 「…を想像する、思い浮かべる」。町田訳(p. 150)は「発音することができる文の集合が提示されているものとすると」と訳しているが、代名動詞であることを見落としたか。
pas … du tout :「全然、まったく(...でない)」
entre elles : 「互いに」。elles = les phrases

¹⁴⁸⁻³³Au premier abord on est tenté d’assimiler l’immense diversité des phrases à la diversité non moins grande des individus qui composent une espèce zoologique ; mais c’est une illusion : chez les animaux d’une même espèce les caractères communs sont bien plus importants que les différences qui les séparent ; entre les phrases, au contraire, c’est la diversité qui domine, et dès qu’on cherche ce qui les relie toutes à travers cette diversité, on retrouve, sans l’avoir cherché, le mot avec ses caractères grammaticaux, et l’on retombe dans les mêmes difficultés.

au premier abord :「一目見てすぐ、一見して」
être tenté de inf. :「~したくなる」
non moins : 「同様に」
c’est … qui … : 分裂文(強調構文)
dès que … :「…するやいなや、するとすぐに」
lestoutes = toutes les phrases

Cours 原文 § 4.

§ 4. CONCLUSION.

¹⁴⁹⁻⁹Dans la plupart des domaines qui sont objets de science, la question des unités ne se pose même pas : elles sont données d’emblée. ¹⁴⁹⁻¹¹Ainsi, en zoologie, c’est l’animal qui s’offre dès le premier instant. […]
¹⁴⁹⁻¹⁶Lorsqu’une science ne présente pas d’unité concrètes immédiatement reconnaissables, c’est qu’elles n’y sont pas essentielles. […]
¹⁴⁹⁻²¹Mais de même que le jeu d’échecs est tout entier dans la combinaison des différentes pièces, de même la langue a le caractère d’un système basé complètement sur l’opposition de ses unités concrètes. […]
¹⁴⁹⁻²⁸La langue présente donc ce caractère étrange et frappant de ne pas offrir d’entités perceptibles de prime abord, sans qu’on puisse douter cependant qu’elles existent et que c’est leur jeu qui la constitue. ¹⁴⁹⁻³¹C’est là sans doute un trait qui la distingue de toutes les autres institutions sémiologiques.

註解 § 4.

¹⁴⁹⁻⁹Dans la plupart des domaines qui sont objets de science, la question des unités ne se pose même pas : elles sont données d’emblée.

d’emblée :「最初から、即座に」

¹⁴⁹⁻¹¹Ainsi, en zoologie, c’est l’animal qui s’offre dès le premier instant.

¹⁴⁹⁻¹⁶Lorsqu’une science ne présente pas d’unité concrètes immédiatement reconnaissables, c’est qu’elles n’y sont pas essentielles.

c’est que … = c’est parce que …
y =  à cette science

¹⁴⁹⁻²¹Mais de même que le jeu d’échecs est tout entier dans la combinaison des différentes pièces, de même la langue a le caractère d’un système basé complètement sur l’opposition de ses unités concrètes.

de même que … de même … :「…であるのと同様に…」
tout entier : 「全体で」。主語 (le jeu d’échecs) の同格。

¹⁴⁹⁻²⁸La langue présente donc ce caractère étrange et frappant de ne pas offrir d’entités perceptibles de prime abord, sans qu’on puisse douter cependant qu’elles existent et que c’est leur jeu qui la constitue.

de prime abord = au premier abord :「一目見てすぐ、一見して」
sans que + 接続法 :「…することなしに」。ここでは cependant もあるので、前から訳した方が訳しやすい。また douter que の後は接続法が使われることが多いが、ここでは sans que 内ですでに douter が否定的に扱われているので、que 以降は直説法になっている(形の上からは判断できないが)。
puisse : pouvoir の接続法現在形。
elles, leur = ces entités
la = la langue

¹⁴⁹⁻³¹C’est là sans doute un trait qui la distingue de toutes les autres institutions sémiologiques.

: 「まさに、これこそ」強調的なニュアンスをそえる。
sans doute : ここでは後ろに mais, pourtant などがつかないので、町田訳(p. 151)の「恐らくは」も誤訳とは言い難いが、強調の là とともにつかわていることをあわせて考えると、本来の「疑いなく」と取った方が通りがよいように思う。
la
= la langue
*菅田『講義抄』(p. 80) C’est のアポストロフが落ちている。

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