ソシュール『一般言語学講義』註解 #23
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原著: pp. 238-241
小林訳: pp. 242-245
菅田訳: pp. 168-169
町田訳: pp. 243-246
各文の頭についている上付きの数字は、原著の「ページ数-行数」を示しています。
Cours 原文
CHAPITRE VI
L’ÉTYMOLOGIE POPULAIRE
²³⁸⁻³Il nous arrive parfois d’estropier les mots dont la forme et le sens nous sont peu familiers, et parfois l’usage consacre ces déformations. ²³⁸⁻⁵Ainsi l’ancien français $${\textit{coute-pointe}}$$ (de $${\textit{coute,}}$$ variante de $${\textit{couette,}}$$ « couverture » et $${\textit{pointe,}}$$ part. passé de $${\textit{poindre}}$$ « piquer »), a été changé en $${\textit{courte-pointe,}}$$ comme si c’était un composé de l’adjectif $${\textit{court}}$$ et du substantif $${\textit{pointe.}}$$ ²³⁸⁻⁹Ces innovations, quelque bizarres qu’elles soient, ne se font pas tout à fait au hasard ; ce sont des tentatives d’expliquer approximativement un mot embarrassant en le rattachant à quelque chose de connu.
²³⁸⁻¹³On a donné à ce phénomène le nom d’étymologie populaire. […]
²⁴⁰⁻²⁶L’analogie suppose toujours l’oubli de la forme antérieure ; à la base de la forme analogique $${\textit{il}}$$ $${\textit{traisait,}}$$ il n’y a aucune analyse de la forme ancienne $${\textit{il}}$$ $${\textit{trayait}}$$ ; l’oubli de cette forme est même nécessaire pour que sa rivale apparaisse. ²⁴⁰⁻³⁰L’analogie ne tire rien de la substance des signes qu’elle remplace. ²⁴⁰⁻³¹Au contraire l’étymologie populaire se réduit à une interprétation de la forme ancienne ; le souvenir de celle-ci, même confus, est le point de départ de la déformation qu’elle subit. ²⁴⁰⁻³⁴Ainsi dans un cas c’est le souvenir, dans l’autre l’oubli qui est à la base de l’analyse, et cette différence est capitale. […]
註解
²³⁸⁻³Il nous arrive parfois d’estropier les mots dont la forme et le sens nous sont peu familiers, et parfois l’usage consacre ces déformations.
²³⁸⁻⁵Ainsi l’ancien français $${\textit{coute-pointe}}$$ (de $${\textit{coute,}}$$ variante de $${\textit{couette,}}$$ « couverture » et $${\textit{pointe,}}$$ part. passé de $${\textit{poindre}}$$ « piquer »), a été changé en $${\textit{courte-pointe,}}$$ comme si c’était un composé de l’adjectif $${\textit{court}}$$ et du substantif $${\textit{pointe.}}$$
²³⁸⁻⁹Ces innovations, quelque bizarres qu’elles soient, ne se font pas tout à fait au hasard ; ce sont des tentatives d’expliquer approximativement un mot embarrassant en le rattachant à quelque chose de connu.
²³⁸⁻¹³On a donné à ce phénomène le nom d’étymologie populaire.
²⁴⁰⁻²⁶L’analogie suppose toujours l’oubli de la forme antérieure ; à la base de la forme analogique $${\textit{il}}$$ $${\textit{traisait,}}$$ il n’y a aucune analyse de la forme ancienne $${\textit{il}}$$ $${\textit{trayait}}$$ ; l’oubli de cette forme est même nécessaire pour que sa rivale apparaisse.
²⁴⁰⁻³⁰L’analogie ne tire rien de la substance des signes qu’elle remplace.
²⁴⁰⁻³¹Au contraire l’étymologie populaire se réduit à une interprétation de la forme ancienne ; le souvenir de celle-ci, même confus, est le point de départ de la déformation qu’elle subit.
²⁴⁰⁻³⁴Ainsi dans un cas c’est le souvenir, dans l’autre l’oubli qui est à la base de l’analyse, et cette différence est capitale.
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