ソシュール『一般言語学講義』註解 #06
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原著: pp. 44-53
小林訳: pp. 39-48
菅田訳: pp. 28-33
町田訳: pp. 47-57
各文の頭についている上付きの数字は、原著の「ページ数-行数」を示しています。
Cours 原文 § 1.
CHAPITRE VI
REPRÉSENTATION DE LA LANGUE PAR L’ÉCRITURE
§ 1. NÉCESSITÉ D’ÉTUDIER CE SUJET.
⁴⁴⁻⁵L’objet concret de notre étude est donc le produit social déposé dans le cerveau de chacun, c’est-à-dire la langue. ⁴⁴⁻⁶Mais ce produit diffère suivant les groupes linguistiques : ce qui nous est donné, ce sont les langues. ⁴⁴⁻⁸Le linguiste est obligé d’en connaître le plus grand nombre possible, pour tirer de leur observation et de leur comparaison ce qu’il y a d’universel en elles.
⁴⁴⁻¹²Or nous ne les connaissons généralement que par l’écriture. ⁴⁴⁻¹³Pour notre langue maternelle elle-même, le document intervient à tout instant. ⁴⁴⁻¹⁴Quand il s’agit d’un idiome parlé à quelque distance, il est encore plus nécessaire de recourir au témoignage écrit ; à plus forte raison pour ceux qui n’existent plus. […]
註解 § 1.
⁴⁴⁻⁵L’objet concret de notre étude est donc le produit social déposé dans le cerveau de chacun, c’est-à-dire la langue.
⁴⁴⁻⁶Mais ce produit diffère suivant les groupes linguistiques : ce qui nous est donné, ce sont les langues.
⁴⁴⁻⁸Le linguiste est obligé d’en connaître le plus grand nombre possible, pour tirer de leur observation et de leur comparaison ce qu’il y a d’universel en elles.
⁴⁴⁻¹²Or nous ne les connaissons généralement que par l’écriture.
⁴⁴⁻¹³Pour notre langue maternelle elle-même, le document intervient à tout instant.
⁴⁴⁻¹⁴Quand il s’agit d’un idiome parlé à quelque distance, il est encore plus nécessaire de recourir au témoignage écrit ; à plus forte raison pour ceux qui n’existent plus.
Cours 原文 § 2.
§ 2. PRESTIGE DE L’ÉCRITURE ; CAUSES DE SON ASCENDANT SUR LA FORME PARLÉE.
⁴⁵⁻³Langue et écriture sont deux systèmes de signes distincts ; l’unique raison d’être du second est de représenter le premier ; l’objet linguistique n’est pas défini par la combinaison du mot écrit et du mot parlé ; ce dernier constitue à lui seul cet objet. ⁴⁵⁻⁷Mais le mot écrit se mêle si intimement au mot parlé dont il est l’image, qu’il finit par usurper le rôle principal ; on en vient à donner autant et plus d’importance à la représentation du signe vocal qu’à ce signe lui-même. ⁴⁵⁻¹¹C’est comme si l’on croyait que, pour connaître quelqu’un, il vaut mieux regarder sa photographie que son visage.
[…]
⁴⁶⁻³³Chez la plupart des individus les impressions visuelles sont plus nettes et plus durables que les impressions acoustiques ; aussi s’attachent-ils de préférence aux premières. ⁴⁷⁻¹L’image graphique finit par s’imposer aux dépens du son. […]
註解 § 2.
⁴⁵⁻³Langue et écriture sont deux systèmes de signes distincts ; l’unique raison d’être du second est de représenter le premier ; l’objet linguistique n’est pas défini par la combinaison du mot écrit et du mot parlé ; ce dernier constitue à lui seul cet objet.
⁴⁵⁻⁷Mais le mot écrit se mêle si intimement au mot parlé dont il est l’image, qu’il finit par usurper le rôle principal ; on en vient à donner autant et plus d’importance à la représentation du signe vocal qu’à ce signe lui-même.
⁴⁵⁻¹¹C’est comme si l’on croyait que, pour connaître quelqu’un, il vaut mieux regarder sa photographie que son visage.
⁴⁶⁻³³Chez la plupart des individus les impressions visuelles sont plus nettes et plus durables que les impressions acoustiques ; aussi s’attachent-ils de préférence aux premières.
⁴⁷⁻¹L’image graphique finit par s’imposer aux dépens du son.
Cours 原文 § 3.
§ 3. LES SYSTÈMES D’ÉCRITURE.
⁴⁷⁻²⁰Il n’y a que deux systèmes d’écriture :
⁴⁷⁻²¹1º Le système idéographique, dans lequel le mot est représenté par un signe unique et étranger aux sons dont il se compose. […] ⁴⁷⁻²⁴L’exemple classique de ce système est l’écriture chinoise.
⁴⁷⁻²⁶2º Le système dit communément « phonétique », qui vise à reproduire la suite des sons se succédant dans le mot. ⁴⁷⁻²⁷Les écritures phonétiques sont tantôt syllabiques, tantôt alphabétiques, c’est-à-dire basées sur les éléments irréductibles de la parole.
⁴⁷⁻³¹D’ailleurs les écritures idéographiques deviennent volontiers mixtes : certains idéogrammes, détournés de leur valeur première, finissent par représenter des sons isolés. […]
⁴⁸⁻⁴Pour le Chinois, l’idéogramme et le mot parlé sont au même titre des signes de l’idée ; pour lui l’écriture est une seconde langue, et dans la conversation, quand deux mots parlés ont le même son, il lui arrive de recourir au mot écrit pour expliquer sa pensée. […]
註解 § 3.
⁴⁷⁻²⁰Il n’y a que deux systèmes d’écriture :
⁴⁷⁻²¹1º Le système idéographique, dans lequel le mot est représenté par un signe unique et étranger aux sons dont il se compose.
⁴⁷⁻²⁴L’exemple classique de ce système est l’écriture chinoise.
⁴⁷⁻²⁶2º Le système dit communément « phonétique », qui vise à reproduire la suite des sons se succédant dans le mot.
⁴⁷⁻²⁷Les écritures phonétiques sont tantôt syllabiques, tantôt alphabétiques, c’est-à-dire basées sur les éléments irréductibles de la parole.
⁴⁷⁻³¹D’ailleurs les écritures idéographiques deviennent volontiers mixtes : certains idéogrammes, détournés de leur valeur première, finissent par représenter des sons isolés.
⁴⁸⁻⁴Pour le Chinois, l’idéogramme et le mot parlé sont au même titre des signes de l’idée ; pour lui l’écriture est une seconde langue, et dans la conversation, quand deux mots parlés ont le même son, il lui arrive de recourir au mot écrit pour expliquer sa pensée.
Cours 原文 § 4.
§ 4. CAUSES DU DÉSACCORD ENTRE LA GRAPHIE ET LA PRONONCIATION.
⁴⁸⁻²⁶Ces causes sont nombreuses ; nous ne retiendrons que les plus importantes.
⁴⁸⁻²⁸D’abord la langue évolue sans cesse, tandis que l’écriture tend à rester immobile. ⁴⁸⁻²⁹Il s’ensuit que la graphie finit par ne plus correspondre à ce qu’elle doit représenter. ⁴⁸⁻³⁰Une notation, conséquente à un moment donné, sera absurde un siècle plus tard. ⁴⁸⁻³²Pendant un temps, on modifie le signe graphique pour le conformer aux changements de prononciation, ensuite on y renonce. ⁴⁹⁻C’est ce qui est arrivé en français pour $${\textit{oi.}}$$
⁴⁹⁻⁸Ainsi, jusqu’à la deuxième époque on a tenu compte des changements survenus dans la prononciation ; à une étape de l’histoire de la langue correspond une étape dans celle de la graphie. ⁴⁹⁻¹¹Mais à partir du xɪvᵉ siècle l’écriture est restée stationnaire, tandis que la langue poursuivait son évolution, et dès ce moment il y a eu un désaccord toujours plus grave entre elle et l’orthographe. ⁴⁹⁻¹⁴Enfin, comme on continuait à joindre des termes discordants, ce fait a eu sa répercussion sur le système même de l’écriture : l’expression graphique $${\textit{oi}}$$ a pris une valeur étrangère aux éléments dont elle est formée.
[…]
註解 § 4.
⁴⁸⁻²⁶Ces causes sont nombreuses ; nous ne retiendrons que les plus importantes.
⁴⁸⁻²⁸D’abord la langue évolue sans cesse, tandis que l’écriture tend à rester immobile.
⁴⁸⁻²⁹Il s’ensuit que la graphie finit par ne plus correspondre à ce qu’elle doit représenter.
⁴⁸⁻³⁰Une notation, conséquente à un moment donné, sera absurde un siècle plus tard.
⁴⁸⁻³²Pendant un temps, on modifie le signe graphique pour le conformer aux changements de prononciation, ensuite on y renonce.
⁴⁹⁻C’est ce qui est arrivé en français pour $${\textit{oi.}}$$
Cours 原文 § 5.
§ 5. EFFETS DE CE DÉSACCORD.
[…]
⁵¹⁻³⁴Le résultat évident de tout cela, c’est que l’écriture voile la vue de la langue : […] ⁵²⁻¹On le voit bien par l’orthographe du mot français $${\textit{oiseau,}}$$ où pas un des sons du mot parlé $${(\textit{wazo})}$$ n’est représenté par son signe propre ; il ne reste rien de l’image de la langue.
[…]
⁵³⁻⁵Ce qui fixe la prononciation d’un mot, ce n’est pas son orthographe, c’est son histoire. […]
註解 § 5.
⁵¹⁻³⁴Le résultat évident de tout cela, c’est que l’écriture voile la vue de la langue :
⁵²⁻¹On le voit bien par l’orthographe du mot français $${\textit{oiseau,}}$$ où pas un des sons du mot parlé $${(\textit{wazo})}$$ n’est représenté par son signe propre ; il ne reste rien de l’image de la langue.
⁵³⁻⁵Ce qui fixe la prononciation d’un mot, ce n’est pas son orthographe, c’est son histoire.
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